1984 Ferrari 288 GTO V8 2 turbos

2018 Laurent Villaron & Drive-My

Aymeric est un ancien copilote de rallye, sa passion première, et ce n’est pas par hasard si la Ferrari 288 GTO développée pour cette discipline est aujourd’hui dans sa collection !


Inconditionnel de la Lamborghini Countach, Aymeric considère la Ferrari 288 GTO comme une concurrente à son fantasme roulant. Elle s’inscrit pleinement dans sa thématique des mythes automobilesdes années 80.

 


1984 Ferrari 288 GTO

 

1984 Ferrari 288 GTO


POURQUOIJ’AICRAQUÉ Pendant les vacances, mon père m’emmenait faire la tournée des belles villes du Sud en passant par le casino de Monaco. Moi, je faisais la revue des autos ! Puis j’allais à Paris chez mes grands-parents. Lorsque nous redescendions, mon grand-père commençait par faire chauffer la mécanique, à 4 heures du matin. Puis nous montions dans la Citroën DS et il fonçait tout du long. A 180 km/h, j’avais la sensation de planer. Mon autre grand-père, lui, m’emmenait  au rallye des Cévennes. Postés au bord de la route, nous attendions  les Opel Manta, les Renault Turbo…

Quand j’ai eu 20 ans, après quelques autos mises sur le toit, je me suis lié d’amitié avec Jérôme Vergerpion,  un pilote. Il avait perdu le volant Citroën en finale à Paris contre Sébastien Loeb. Nous avons acheté ensemble une Mitsubishi Lancer et nous nous sommes engagés sur les rallyes régionaux. J’étais copilote. Lorsque  j’ai arrêté et que j’ai commencé à vraiment gagner ma vie, je suis allé  à Rétromobile,et j’y ai acheté deux voitures d’un coup ! J’avais franchi  le cap et dépassé ma peur de ne pas réussir à m’en occuper, à savoir  où les entretenir… Six mois plus tard, j’en ai racheté deux autres.

Et je  me suis lancé sur un rythme de trois à quatre voitures par an. Le plus sympa, c’est de trouver le bon exemplaire et d’écarter les modèles qui ne fonctionnent pas. J’y passe mes nuits, j’envoie des mails à travers le monde. Ensuite, c’est de rencontrer des gens, d’échanger autour de l’automobile. Cela crée un lien social considérable. La moitié de mes amis évolue dans cet univers. Forcément, ma thématique naturelle était celle des années 80. J’avais 10 ans en 1986 et, gamin, je rêvais de ces autos. Le Graal, c’était  la Lamborghini Countach, la voiture la plus hors-norme jamais mise  sur le marché.

Après l’avoir achetée, j’ai cherché à savoir à qui elle était confrontée sur le marché de l’époque. J’avais eu une Testarossa mais,  pour moi, elle n’était pas équivalente. Puis j’ai trouvé : sa concurrente, c’était la Ferrari 288 GTO. Ma Countach est noire intérieur rouge, il me fallait donc une GTO rouge intérieur noir. Et elle était dans un état exceptionnel.  Il fallait donc que la nouvelle soit du même niveau !

LE JOUR OÙ JE L’AI VUE

J’ai trouvé cette GTO, et j’ai négocié durement. J’ai fini par arrêter un prix qui me semblait raisonnable, et j’ai obtenu six mois de délai pour la solder.  J’ai toujours acheté les voitures sans avoir l’argent pour les payer. C’est  du délire total, mais c’est mon moteur. Je travaille dix-huit heures par jour,  et j’y arrive. Lorsque j’ai vu les premières photos sur le site et que j’ai lu  que c’était la voiture de Jacky Setton, j’ai su tout de suite que c’était Elle. Pour moi, c’est la deuxième plus belle collection qu’il y ait eue en France, après celle de Bardinon. Quand la voiture est sortie du camion, j’ai été bluffé. Elle était parfaite. J’en ai encore la chair de poule. Tout en sachant que  c’était un V8 Turbo, j’ai été surpris par ses sifflements, qui ne collaient pas  à l’image de Ferrari et aux V12 que j’avais déjà eus.

Elle est atypique.  Jusqu’à 3 000 tr/mn, c’est une 328, plus qu’une 308, d’ailleurs. Puis  les 3 500 tr/mn arrivent, et là, c’est la folie ! J’ai tout de suite eu envie  de l’essayer en rallye. J’ai reçu la voiture en avril et, en mai, c’était parti !  Je me souviendrai toujours de la montée du mont Aigoual. C’est comme  le mont Ventoux, mais sans les cyclistes et les camping-cars. Mon fils et moi avons grimpé à bloc sans croiser une seule voiture jusqu’au sommet.C’était extraordinaire. Désormais, je m’en sers le dimanche. Je vais chercher le pain à Montfort-l’Amaury, ce qui n’a pas de sens, après 25 litres d’essence ! On prend un café, et la boulangerie sert d’alibi à la promenade…

SI C’ÉTAIT À REFAIRE

Acheter cette GTO m’a incité à envisager les modèles très rares que  peu de gens connaissent. J’ai trois enfants, et je veux leur laisser trois Ferrari exceptionnelles. Celle-ci sera la première. Dès les premiers tours de roues, j’ai senti que cette voiture avait été conçue pour le rallye. De toutes mes autos, c’est la seule vraiment faite pour ça. Elle est loin d’être aussi civilisée qu’elle ne le laisse paraître. Si on la badgeait avec  des sponsors, elle serait engagée sur-le-champ !

Elle a été fiabilisée et je n’ai jamais eu de soucis. On a seulement fait une vidange avant de parcourir 2 500 km en trois jours, dont 1 800 sur un très bon rythme. Nous sommes partis et revenus avec. Mais sur ces générations, la panne fait parfois  partie de l’ADN. La 288 GTO n’a finalement qu’un défaut, son rayon de braquage. J’ai dû monter sur les freins dans un virage serré car ça ne passait pas. J’ai préféré manœuvrer en deux fois. Sinon, il aurait fallu  tirer le frein à main ! (rires) La limite de mon utilisation n’est pas son prix,  mais le respect de la voiture par rapport à son âge.

Mais il y a toujours quinze-vingt minutes pendant lesquelles l’adrénaline monte. La bonne route, les bonnes sensations… La voiture tourne parfaitement, toutes  les planètes sont alignées. Les gens sont heureux de voir rouler ces  autos. C’est la meilleure des communications. Je ne suis propriétaire de  ces autos que pour un temps. Je vais les garder dix, vingt, trente ans,  mes enfants les vendront peut-être, elles passeront dans d’autres mains… C’est un patrimoine international.

‘‘Je me souviendrai toujours de la montée du mont Aigoual. C’est comme le Ventoux, sans les cyclistes et les camping-cars. Mon fils et moi avons grimpé à bloc sans croiser une seule voiture jusqu’au sommet. C’était extraordinaire.’’


1984 Ferrari 288 GTO

 

1984 Ferrari 288 GTO


ET SI JE LA REMPLAÇAIS…

Elle fait partie des voitures que je ne revendrai pas. Mon idée serait plutôt de la rapprocher de la F40. Je trouve extrêmement intéressant d’avoir  à la base le même châssis et le même moteur, l’une étant conçue pour  le rallye, l’autre pour le circuit. Garées l’une à côté de l’autre, elles n’ont  rien à voir, mais elles sont constituées des mêmes gènes. Une auto, ce n’est pas un objet simple. C’est un cahier des charges complexe, un objet de rêve qui traverse des générations et des pays.

Cette philosophie et  cette histoire, nous la ressentons et parvenons à la transmettre. Le contexte automobile actuel ne m’inquiète pas. J’ai du SP98 dans les veines, mais  je ne suis pas allergique au reste. Il faut juste que l’avenir fasse rêver.


Specifications Ferrari 288 GTO

Année : 1984 Kilométrage : 15 000 km

V8, 32s, 2 turbos, central AR n 2 855 cm3 n 400 ch à 7 000 tr/mn
50,6 mkg à 3 800 tr/mn n Propulsion n Boîte manuelle 5 rapports n 1 160 kg*
Prix du neuf à l’époque : 935 000 francs
Prix de la voiture actuellement : 2 500 000 € n Prix le plus bas pour ce modèle : NC n Coût d’une révision annuelle : 1 800 €
Coût de 4 pneus : 900 € (prix Internet) n V. max. : 305 km/h*
0 à 100 km/h : 4’’9* n 1 000 D.A. : 21’’8*

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